L'ancien chef du déminage de Haute-Normandie promu chevalier de la Légion d'honneur



Publié le 02/01/2013 à 16:26 -


Philippe Sorensen avec son équipe de démineurs après une intervention en Normandie
"Je suis super heureux. C'est une reconnaissance du travail des démineurs".

Philippe Sorensen ne s'y attendait pas même s'il savait que sa direction l'avait proposé. Sa joie a été d'autant comblée en lisant dans le Journal officiel du 31 décembre qu'il faisait partie des lauréats au titre de l'ordre de la Légion d'honneur (chevalier). Une sorte d'hommage à son père, lui aussi démineur, qui avait reçu cette haute distinction en 2006. Le couronnement aussi d'une longue carrière.





"Je serai démineur"

L'ancien patron du service de déminage de Haute-Normandie, aujourd'hui affecté à Caen, est tombé dedans tout petit. Dès son plus jeune âge, il accompagnait (de loin) son père sur les scènes de déminage, alors en poste à Arras ou en Guadeloupe. Le petit Philippe, qui a aujourd'hui 50 ans, s'était dit que lui aussi un jour il serait démineur. Et il est démineur, et cela fait trente ans que ça dure !

Il a parcouru des milliers de kilomètres dans l'Hexagone tout au long de sa carrière : Bordeaux où il a débuté en 1983 en qualité d'ouvrier d'Etat, Metz, retour à Bordeaux en 1986 en qualité de chef démineur, puis chef d'Antenne à Bayonne jusqu'en 1993, date à laquelle il est nommé adjoint puis chef du centre de déminage de Haute-Normandie. Basé à Rouen, sur la rive gauche, le capitaine Sorensen dirigeait une équipe de dix démineurs.

Trois fois blessé

Chaque année, en Haute-Normandie, ce sont plus de 10 tonnes d'engins explosifs (obus, mines, bombes, roquettes...) qu'il a, avec son équipe, manipulé, neutralisé et déminé. Sans jamais le moindre accident, la moindre défaillance.

Blessé trois fois, deux fois en désamorçant des obus au gaz de combat datant de la guerre de 14-18 (c'était à Metz) et une fois aux yeux en neutralisant une mine sous-marine (SMA) à Bordeaux. "Avant et pendant chaque intervention, il faut se concentrer, évacuer sa peur", avait-il coutume de dire lorsqu'il était à Rouen.

Avec la réorganisation des services de déminage en France, le centre de Haute-Normandie a été sacrifié sur l'autel des économies. Son personnel a été dispatché à Caen et Versailles notamment. Le département de l'Eure est maintenant rattaché à Versailles, la Seine-Maritime à Caen.

Des décorations méritées

Philippe Sorensen a, dans l'opération, gagné un galon, celui de commandant. A Caen, il est désormais chef démineur principal. Un démineur à l'expérience incontestée et qui lui a valu de nombreuses médailles : chevalier dans l'ordre national du mérite, chevalier dans l'ordre du mérite agricole, trois médailles d'or du courage et du dévouement (une décoration attribuée habituellement à titre posthume), médaille d'or de la police nationale...

Cette Légion d'honneur, bien méritée, est la cerise sur le gâteau. Il compte la partager avec son épouse et ses deux enfants.

Infonormandie.me qui connait bien l'homme lui adresse ses sincères félicitations.

Rémy Lebel